Accidents domestiques : mieux les connaître pour mieux les prévenir
Menace méconnue et trop souvent sous-estimée, les accidents domestiques font 56 morts chaque jour. Contrairement aux idées reçues, la route, elle, est presque 5 fois moins meurtrière ! Il est peut-être temps de s’y pencher et de prendre ça au sérieux.
Que disent les chiffres ?
Les chiffres sont très évocateurs et parlent d’eux-mêmes : 20 000 décès chaque année, 500 000 hospitalisations et 4.5 millions de recours aux services d’urgences. Des chiffres accablants quand on sait que pour 80% des français ne pensent pas que la maison soit un lieu à risque. Pas assez de méfiance donc pour une cause de décès quasiment 5 fois plus importante que les accidents de la route, et même 38 fois plus que les accidents du travail.
Quels sont les principaux risques ?
Près de la moitié de ces 20 000 décès sont causés par une chute ! Glisser en sortie de douche, trébucher sur un obstacle au sol, ou marcher sur ses lacets, tous ces incidents vous paraissent anodins ? Ils sont pourtant courants et les risques ne sont pas à prendre à la légère. En effet, la chute est la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 15 ans. Les personnes âgées sont elles aussi très vulnérables. Les autres incidents les plus représentés sont ensuite les suffocations, les noyades, les intoxications et les accidents causés par le feu. Les lieux à risques sont principalement la cuisine et l’extérieur de la maison (cour ou jardin). Et contre toute attente, ces incidents surviennent en majeure partie lors d’activités de loisirs ou de jeux, d’activités sportives (surtout chez les femmes) ou pendant la marche. Ce ne sont donc pas les activités qui nous paraissent les plus sujettes aux accidents qui sont les plus remarquées, puisque les activités domestiques telles que le bricolage, la jardinage ou la cuisine représentent moins d’un quart des accidents déclarés.
Comment prévenir ces risques ?
Connaître les risques est la première étape pour une meilleure prévention. Ensuite, l’aménagement de l’habitat est l’action principale à mener afin de sécuriser votre maison au mieux. Pour se faire, Lucile BATAILLE ( Salon des services à la personne, ergothérapeute pour le PACT de Seine-et-Marne) nous donne quelques simples astuces à mettre en œuvre telles que l’installation d’un tapis de bain anti-dérapant. Mais elle va plus loin en suggérant le recours à un ergothérapeute, qui après une analyse des risques spécifiques à votre intérieur, va engager des travaux de réaménagement de votre domicile. Sans aller jusque là, vous pouvez d’ores et déjà vous informer de tous les risques, pièce par pièce, à éviter, et bénéficier de conseils pratiques pour faire en sorte de les réduire considérablement. Car bien souvent, il s’agit de détails auxquels on ne pense pas ! Rendez-vous pour cela sur le site, très bien conçu : prevention-maison.fr. Vous saurez également quels sont les premiers gestes à avoir en cas d’accident.
Comment s’assurer ?
Une assurance habitation (avec responsabilité civile) vous couvrira, surtout en cas d’accident causé à un tiers, lors d’une garde d’enfant par exemple, en complément de la Sécurité Sociale. Mais elle n’est pas suffisante pour être bien assuré. Vous pouvez alors souscrire à la GAV (Garantie des Accidents de la Vie), qui indemnise les frais de soins restants à votre charge (dans la limite de certains plafonds), le préjudice patrimonial subi en cas d’invalidité, le retentissement sur votre carrière, le préjudice esthétique, le pretium doloris (prix de la douleur). Dans le cas le plus grave, le décès, un capital sera versé au ayant droits. Il faut cependant prêter une grande attention aux conditions de garantie, qui la plupart du temps exigent une invalidité permanente d’au moins 30% pour déclencher la prise en charge. Pour information, c’est ce que vous vaut la perte d’une jambe ou d’une main droite (pour un droitier), alors que la perte d’un doigt par exemple correspond à un taux d’invalidité de 5%. Attention donc aux offres trop alléchantes, à bas prix, qui ne vous couvrent pas suffisamment. Privilégiez donc les offres certes plus chères, mais qui seront plus probablement utiles en cas de besoin ! Sachez en outre que cette GAV n’est pas nécessaire pour ceux qui profitent d’une complémentaire santé étendue, de garanties d’indemnités journalières et d’une assurance décès et invalidité (souvent dans le cadre de l’entreprise). La prise en charge supplémentaire étant infime.
Problème de Communication
Au regard de ces données, on se demande bien pour quelles raisons ce fléau n’est pas davantage mis en avant, au même titre que l’alcoolémie au volant ou même le dépistage du SIDA. Pour pallier ce manque d’information dont souffrent les français face à ces incidents de la vie courante, qui ne cessent de croître, le Collectif interassociatif de lutte contre les accidents de la vie courante (Clac), qui compte notamment parmi ses membres le célèbre UFC-Que Choisir, se positionne pour l’obtention du label « grande cause nationale » en 2013. Si la demande aboutie, les AcVC bénéficieront d’une politique nationale d’information et de prévention. Demande que devra juger Le Premier Ministre, face à 72% de français favorables au dossier (CSA).
Quel avenir donc pour ces AcVC ? En attendant une avancée de la prévention pour le grand public, informez-vous et protégez vos proches en suivant les conseils des experts.